L'OEuvre

André BILLY

 

16 février 1926

 

     Les Faux-Monnayeurs non plus n'ont pas leur pareil, mais que dire pour les faire aimer ? C'est un livre haïssable, sur lequel je me garderai d'insister, reculant devant la difficulté qu'il y aurait à vouloir, dans un journal comme celui ci, rendre tous les aspects, indiquer toutes les pentes d'une oeuvre si désagréablement immorale. Nous ne nous ferons pas, n'est ce pas, plus vertueux que nous ne sommes. Nous ne dénierons pas au vice ses attraits, mais nous mettrons nettement à part le vice pour lequel M. André Gide fait dans ses Faux-Monnayeurs une sorte d'apologie en action. Tel que nous le dépeint M. Gide, ce vice là relève beaucoup plus de la correctionnelle que de la littérature.

     Aussi bien trouve-t-on dans Les Faux-Monnayeurs quelques tableaux de moeurs assez bien faits, un ou deux types curieux et des idées esthétiques discutables mais intéressantes à débattre en petit comité, vers une heure du matin dans la fumée des pipes. Je ne mettrai pas à la charge de M. Gide les fautes de français qu'on relève dans son roman, puisqu'il n'en a pas, m'assure t on, corrigé les épreuves.

 [Repris dans le BAAG, n° 22, avril 1974, p. 24.]