Colloque de Paris 1988
Dr. Peter SCHNYDER, « LES
CAHIERS DE LA PETITE DAME. Notes pour une Histoire authentique
d'André Gide »,
Colloque « 1918 dans
l'itinéraire d'André Gide » [Paris, Sénat,
1988],
BAAG, n° 78-79, avril-juillet 1988, pp. 115-123.
© Peter SCHNYDER
Ce
texte est la propriété intellectuelle de
son auteur. La reproduction à des fins personnelles
est autorisée. Toute citation doit être effectuée
dans le respect de l'auteur et conformément au
code de la propriété intellectuelle (mention
du nom, du titre, de la référence bibliographique
et de la page). A cette fin, la pagination de l'imprimé
a été conservée dans la présente
transcription, entre crochets droits, sur le modèle :
[5] indiquant le début de la p. 5 dans l'édition
originale. |
Texte mis en ligne sur Gidiana
le 20 novembre 1999.
On
laissera de côté l'aspect autobiographique des Cahiers.
On sait que Mme van Rysselberghe fut, pendant la guerre, l'animatrice
du Foyer Franco-Belge, où elle rencontrait Gide, dont
elle fut par la suite la voisine de palier au fameux Vaneau, qu'a
précédé le Laugier, le célèbre
atelier, point de rencontre des amis de Théo van Rysselberghe.
On sait qu'elle est la grande amie et fervente admiratrice de Gide,
mais qui jamais n'idolâtre son ami. Elle a réussi une
oeuvre intéressante, que d'aucuns critiquent, mais je pense
qu'ils ont tort, parce que nous verrons que c'est un miroir intéressant.
Un miroir, mais aussi un écho. Un écho de la voix
de Gide. Il y a une sorte de ténacité, de persévérance
exceptionnelle, qui me plaisent beaucoup dans ces Cahiers,
et dont on devra parler. Une grande modestie également, qu'elle
marque en signant M. Saint-Clair. Alors qu'elle aurait pu faire
une oeuvre personnelle, elle a préféré se consacrer
uniquement à ses Mémoires.
Elle y manifeste une compréhension
très poussée de Gide et qui surgit dès le début.
Par exemple, Gide dit en riant : « Je devrais toujours
vous avoir derrière moi . » ( Les Lacaniens apprécieront
!). « De temps en temps, il avait envers moi de grandes
effusions qui voulaient dire : Comme vous êtes gentille
de m'écouter si bien ! » S'étonnerait-on
de ce qu'ils disent tous les deux en même temps : « Ah !
quel bonheur de vous avoir ! », que Gide jubile :
« Comme nous avons bien fait de nous rencontrer ! »
Ou encore : « Oui. C'est ça. Entre nous le
malentendu est impossible. » Pendant le long séjour
tunisien que fit Gide vers la fin de la deuxième guerre mondiale,
il souhaite beaucoup revoir la Petite Dame. Il en parle dans son
Journal [116] et dans ses correspondances. Ce qui n'a rien
de surprenant. N'était-elle pas devenue, comme l'écrit
Mme. van Rysselberghe elle-même : « L'indispensable
objection, celle qu'il quêtait, qui lui était devenue
nécessaire. » Dans un bel éloge écrit
au lendemain de la mort de Gide, la Petite Dame souligne qu'« ils
étaient devenus amis tout de suite, sautant par dessus le
stade de la relation ». Elle précise que leur amitié
était « faite d'attrait, de confiance absolue,
mais aussi de résistance, grâce à laquelle leur
affection mutuelle évitait l'accoutumance et la banalité.
Commencé le 11 novembre 1918, et terminés trente-trois
ans plus tard, le lendemain de l'inhumation du héros, ces
Cahiers nous permettent donc d'accéder au vécu
d'un homme qui avait alors devant lui un avenir riche, aussi riche
que son passé.
Dès le début,
c'est un livre ouvert sur l'avenir, où le présent,
cet « enfant à trois mains, trop souvent négligé »,
au dire de René Char, a droit à la part du lion. Je
dirai en particulier que les Cahiers sont, entre autres,
le grand livre du Kairos, du moment unique, intensément vécu,
du bonheur de vivre, qui est toujours inséparable de la jouissance
artistique. C'est une fraîcheur matinale qui nous caresse
dans cette étude. Et si nous ignorions l'âge de Gide
-- on sait qu'il a quarante-neuf ans et que la Petite Dame en a
cinquante-deux, nous risquerions de penser que le héros et
son auteur ont la vie devant eux. Mais au delà de la primeur
due à l'amorce de ce grand projet :
« Mon seul
but fut de restituer des souvenirs vivants et précis »,
il y a dès le début une force, une
joie, une rage de vivre, qui sera la tonalité générale
de l'ouvrage entier. La Petite Dame se désintéresse
des convenances bourgeoises ; elle fait peu de cas de la dignité
si chère à beaucoup de gens de lettres de cette époque.
Que Gide ait accompagné un jeune homme en Angleterre, passe
encore. Mais qu'il en soit amoureux sans le cacher, c'est trop,
sans contredit, aux yeux de pas mal de gens. Or au lieu de le taire,
de passer discrètement outre, elle note les commentaires
de Gide sans les censurer. Gide dit, dans ce contexte: « J'ai
besoin d'être amoureux pour bien travailler. » De
ces confidences-là à des considérations sur
[117] Corydon, il n'y a qu'un pas. Donc on peut dire en résumant
qu'en 1918, Gide, vu à travers les Cahiers, est un
homme plein de projets, qu'il expose avec enthousiasme à
son amie, sans oublier qu'il fréquente, en dehors d'Elisabeth,
fille de la Petite Dame et future mère de Catherine, une
foule de gens : Jean Schlumberger, Roger Martin du Gard, les
auteurs de la N.R.F., Copeau et beaucoup d'autres, que nous rencontrons
tous peu ou prou dans les Cahiers, véritable point
de mire des activités infiniment multiples de Gide. En sa
quarante-neuvième année, il est l'homme qui veut aller
au bout de ses possibilités. Il veut « passer outre »,
le mot est de lui. Il veut ne pas se laisser récupérer.
En particulier, après l'incident des lettres brûlées,
il prend ses distances vis à vis de Madeleine, mais sans
rompre. Il délaisse certains amis, tel Claudel ; se
brouille avec d'autres, tel Ruyters. Gide est en pleine possession
de tous ses registres d'écrivain. Mais nous vivons pour manifester :
il veut montrer ce qu'il sait faire. Il passe outre également
à une certaine prudence, à un certain mensonge, concessions
auxquelles il ne peut plus se livrer. En 1918 donc, après
maintes crises, il se prépare à laisser éclater
son tempérament. Il se désintéresse du qu'en-dira-t-on.
Il a besoin de se réaliser pleinement : que ce soit
dans son art, et, aspect très intéressant, que ce
soit dans sa vie. Et les Cahiers, il faudra insister sur
ce point, s'en font l'écho fidèle. Les exclamations
de la Petite Dame n'ont donc rien de surprenant : « Quel
visage jeune il a ! quand il dit : C'est inouï la
difficulté que j'ai à ne pas être heureux. »
Mais Gide en avait peut-être lui-même le secret :
« Je trouve détestables ceux qui n'aiment pas la
vie. » Évidemment de telles exclamations sont contagieuses.
L'envoûtement de ce début se maintient tout au long
de ces années. Ce qui en est cause, c'est un entrain constant,
une sympathie attentive devant tout ce qui appartient à la
vie. Une tonalité frémissante, joyeuse et enjouée.
Ainsi certaines scènes sont aussi passionnantes que les films
de Marc Allégret. L'atmosphère qui y règne
permet de revivre des instants uniques : le départ pour
le Congo, ou l'année suivante l'arrivée dans le port
de Bordeaux. Mais la Petite Dame n'embellit jamais. Il n'y a pas
ici de « Poésie et Vérité ».
Et il faut lui savoir gré de nous [118] donner, de la fin
du héros, malgré bien des découragements, car
on sait qu'il avait pris des traits de plus en plus despotiques,
un récit si sobre, si discret. Pour apporter une sorte de
première conclusion, Maria van Rysselberghe est donc le hâvre
créateur, artistique. C'est elle qui permet aux idées
d'éclore. Ou plutôt aux idées en gestation de
prendre, à travers leur expression dialoguée, du poids,
de se faire échange. Ce que Gide ne rencontre pas à
Cuverville. (Il paraît qu'il a écrit un jour à
Madeleine : « Près de toi, je pourrissais... »)
Elle écrit : « Je n'ai aucun système,
aucun parti pris. Je fais comme je peux, comme cela vient. N'ayant
qu'une idée, c'est de faire ressemblant. »
Les Cahiers de
la Petite Dame, comme le laissent entendre leur titre et leur
sous-titre, ne sont pas un journal littéraire. Si la chronologie
y est un principe de construction, ils restent animés essentiellement,
on l'a dit, par un être extérieur, non par le sujet
écrivant librement au hasard de son humeur et de ses préoccupations.
Il serait donc plutôt assimilable au genre de la chronique,
n'étaient les nombreuses et utiles réflexions sur
la valeur de l'écrit, les autocritiques, les discussions
sur les résultats obtenus parfois jugés trop loin
de la vie par rapport à l'ambition de l'auteur, les problèmes
de style, souvent jugé trop sec, qui en font une oeuvre encore
actuelle , animée par un souci de véracité,
mais aussi de vivacité. Gide, et beaucoup d'autres diaristes
avant lui et après lui, ont dit délibérément
Je, avec tout ce que cela implique de complication et de
libération. Maria van Rysselberghe ne parle pas d'elle,
mais de lui.. Ce qui stimule l'écriture, chez elle,
ce n'est ni une réflexion, ni une impression, mais un constat,
une manifestation quelconque qui de près ou de loin se rapporte
toujours à Gide. C'est à travers son grand ami qu'elle
se met à parler. Gide dit : Je pense que... Elle dit :
Il pense que... Il dit que... Une différence de taille donc
distingue les journaux habituels des Cahiers de la Petite Dame.
A y regarder de plus près on serait tenté de voir
là une négation du journal, du moins une position
a-narcissique, ou plus exactement transnarcissique -- ce qui est
plus moderne en tout cas -- par opposition au journal intime d'Amiel
par exemple, reflet d'un narcissisme de mort, [119] selon son propre
aveu. Nous trouverions donc ici, sans qu'il soit possible d'en connaître
le motif, un narcissisme de vie, presque une osmose de deux narcissismes.
Ce n'est pas que le Je qui tient la plume soit au fond complètement
absent. Tout au contraire. Mais, dans ces Cahiers, il parle
surtout pour rendre la voix de Gide, pour témoigner, pour
faire état de ce qui a été dit, raconté,
fait, ou pour rendre le regard de Maria elle-même. Chose significative,
sur laquelle je voudrais insister davantage, ce Je qui tient la
plume est plus personnel lorsqu'il relate des faits vécus,
lorsqu'il parle des choses vues. Il est en revanche plus impersonnel
quand il rend ce que Gide a dit, ses paroles. Et là Mme van
Rysselberghe a une totale réceptivité à l'égard
de Gide, surtout donc de sa parole, qu'elle recueille toujours avec
enthousiasme, exhaustivité et avec un regard auquel elle
permet d'être souvent critique. Quand il s'agit des attitudes
extérieures de Gide, de son comportement, de sa démarche.
Nous voyons donc
dans les Cahiers, deux Gide : l'un authentique, dont
Maria ne veut laisser perdre aucune parole, et l'autre plus comédien,
ou plus guindé, pas toujours à l'aise dans un personnage
qu'elle sait parfaitement déceler. Impossible ici de ne pas
songer aux réflexions que suggère la voix, dans Le
Sillon de Jacques Lacan : C'est par la voix que la
conscience s'ouvre à l'inconscient et l'homme à lui-même
et à l'autre. Toujours l'âme est perméable à
un élément de discours. Lorsqu'il s'agit de rendre
une impression auditive, pouvons-nous résumer, c'est en effet
le domaine affectif qui est en jeu. Le jugement est, le plus souvent,
comme suspendu. L'auteur se contente de simples suggestions :
« Je sens Gide content, approbateur ; je lis sur
le visage de Gide qu'il n'est plus content, on le sent nerveux,
tendu... » Mais la Petite Dame a évité le
piège qui guette chaque diariste, et tout auteur de chronique,
parce qu'elle a clarifié le problème du destinataire,
par une astuce sympathique : elle adresse ouvertement ces notes
à sa vieille amie : Lou, Aline Mayrisch. Celles-ci ne
se distinguent alors guère de lettres fictives ou même
réelles. Mais, le temps aidant, ces apostrophes se font de
plus en plus rares, et les références à Mme
Mayrisch peuvent paraître à la troisième personne.
Ce déplacement -- on pourrait parler de métonymie,
je [120] pense -- me semble intéressant : il est permis
d'y voir une plus grande liberté vis à vis de Gide,
le tu étant une partie d'elle-même avec
laquelle elle dialogue, une sorte d'alter ego intérieur.
Mais en même temps on pourrait y déchiffrer une plus
grande intimité avec Gide, altérité par excellence,
alter ego extérieur. La troisième personne
n'est plus alors l'absente -- Gide n'est plus la personne absente
-- mais devient l'interlocuteur privilégié.
Cette intimité
garde néanmoins toujours une certaine distance, visible par
exemple dans le vousoiement. Comme le montre aussi le rêve
relaté par Gide dans son Journal où le tu
provoque la réprimande de Mme. Théo. C'est précisément
ce parfait équilibre entre proximité et distance qui
se reflète dans les Cahiers par la patiente
écoute de ce que Gide vit, et cette habitude du regard impartial
et sagace qui leur donne leur prix. Synthèse indéniablement
heureuse entre l'admiration avouée et la critique ouverte.
Miroir, mais qui déforme légèrement, nous le
voyons maintenant. Tandis que la Petite Dame montre à la
vue, la voix de l'ami rend naturellement un son authentique et prête
moins à la critique. Ce qui y prête, c'est ce qui oblitère
la nudité de la voix : c'est le débit, ce sont
les gestes, une certaine raideur de marionnette -- quand il joue
du piano -- des attitudes, par exemple quand il marche et c'est
assez méchant : « Il marche sur le boulevard
comme on marche sur une montagne. Dans mon imagination, il rappelle
deux figures de mes livres d'enfant : le joueur de flûte
suivi par une foule et le magister des Fables : lyrisme et
raideur. » Les aspects négatifs n'ont, on le voit
très bien, pas été négligés.
Ils sont surtout du domaine de l'observation : l'oeil instrument
critique par excellence. Ailleurs elle conclura dans ce même
contexte : « Jamais silhouette décorative
ne fut habitée par un être plus intérieur, encore
que parfaitement conscient de son apparence. » Dans les
Cahiers, la crise, au sens d'autocritique, est volontiers
provoquée par une pléthore d'informations, alors que
dans un journal véritable, ce qui peut la provoquer, ce serait
plutôt le manque d'événements. On pourrait le
vérifier chez un grand nombre de diaristes. Amiel par exemple
déplore de ne pas dominer son personnage : « Il
faudrait que je devienne objectif, mais je n'arrive pas [121] à
le devenir. » On peut opposer cette page d'Amiel à
une page de la Petite Dame:
« Les
limites de ces notes sont, hélas ! les miennes, celles
de ma mémoire. Je voudrais le redire à chaque page.
Comment faire sentir l'exaltation, l'effervescence qu'il provoque
dans nos esprits, dans nos coeurs, le rayonnement de son génie,
sensible aussi dans le domaine de la vie, cette faculté
qu'il a d'incliner les êtres vers leurs plus belles possibilités,
ce respect du moindre facteur authentique. Il est comme le foyer
où tout devient. Il est tout un monde dont je voudrais
ne rien laisser perdre. A travers jeux, courses, promenades, lectures,
causeries, où toujours il est le plus ardent, j'essaie
de ne perdre aucune trace -- Jacques Derrida eût apprécié
-- : le tragique de sa vie, son travail, ses projets, le
souci passionné qu'il a de Marc, le tendre intérêt
qu'il prend à l'avenir d'Élisabeth, l'inquiétude
fraternelle qu'il montre pour toi [Mme Mayrisch], cette chaude
sympathie pour tout. »
Beau témoignage, qui montre avec quelle
attitude de dévouement Maria a entrepris ces notations. Et
je laisse de côté d'autres citations qui vont dans
le même sens.
Un autre point critique,
c'est la perspective d'un regroupement, d'un recoupement avec ce
que Gide écrit, et notamment ce qu'il inscrit dans son propre
journal encore inédit alors. Comme il sied, des réflexions
sur la langue surgissent, la grande difficulté pour elle
étant de rendre des choses vues et entendues avec précision,
mais sans donner dans un style trop détaché.
« Que
tout ce que j'écris est sec, et court, en regard de la
réalité, et comme un maigre échantillon !
Ce que je ne puis surtout pas rendre, c'est la sorte de lyrisme
qui habite Gide quand il découvre ses sources aux endroits
les plus jaillissants. »
C'est pour rappeler qu'il n'y a aucune complaisance
dans ces notes quand il s'agit de trouver la méthode appropriée,
la transmission aussi directe que possible de la vie. Les choses
les plus étonnantes de Gide sont celles qui échappent
à la notation, qui sortent de lui par bribes à peines
formulées, comme si devant lui se dessinaient tant de chemins
que tout choix est décourageant.
[122] Au delà
de cette volonté d'être un témoin soucieux de
véracité, la Petite Dame essaie de comprendre Gide
sans jamais conclure. Petit à petit certaines constantes
apparaissent : richesse, originalité, goût du
paradoxe :
« Lui
qu'un manque de logique dans une phrase faisait bondir d'indignation
n'avait aucune logique dans ses comportements. »
Avec de telles phrases, la Petite Dame réussit
à nous rendre un Gide des plus attachants. C'est donc pour
avoir évité, malgré toute son admiration, voire
son amour pour Gide, tout aveuglement, que ses Cahiers
n'ont rien d'un panégyrique. Qu'ils sont à mille lieues
d'une défense quelconque de Gide. Une lucidité sagace
guide toujours l'auteur, qui garde, lui, toujours les pieds sur
terre, qui tempère les excès dans les moments sublimes,
tout comme dans les périodes maigres. La Petite Dame n'est
jamais la dupe de Gide : elle le devine, le devance, le comprend
à demi-mot. Que Gide ait dû être d'un commerce
difficile vers la fin de sa vie, comment le mettre en doute ?
Le grand mérite
de la Petite Dame est de n'avoir pas désarmé devant
certains travers agaçants de son héros, de faire de
sa fin, en dépit de bien des déceptions (« Écrire
dans ce cahier me devient chaque jour plus lourd »), un
récit très discret, très sobre, et qui fait
autorité.
Pour conclure, rendons
grâces à la ténacité de Mme van Rysselberghe
d'avoir mené à terme son projet. Rendons grâces
également à l'éditeur, si modeste, de ces Cahiers,
en la personne du Professeur Claude Martin.
Les Cahiers de
la Petite Dame. sont un témoignage à la fois vivant
et sympathique, généreux et lucide, amical et dévoué,
de la vie d'André Gide. L'ambition de Maria van Rysselberghe
était de faire ressemblant. Si certaines scènes relatées
longuement, peut-être trop longuement, la font critiquer par
certains lecteurs, et peuvent paraître banales, si parfois
telle conversation offre trop de détails selon le goût
de certains, je le veux bien, il ne faut jamais perdre de vue que
ce livre ne résume et ne se résume pas. Parce que
l'on ne saurait résumer une vie. Pas de conclusion sauf ce
bel éloge, écrit [123] après la mort de Gide,
pour dire sa reconnaissance à l'ami : « Au
merveilleux magicien qui réussissait à spiritualiser
la vie par sa seule ferveur et à élever dans les coeurs
le niveau de l'être humain. »*
*Texte transcrit d'après l'enregistrement
et non relu par l'auteur.
Vers la discussion
de l'après-midi.
Peter Schnyder, a fait des études à Berne (Suisse), Paris
(Sorbonne-Nouvelle et Institut des professeurs de français à l'étranger),
et à l'Académie de musique
de Vienne (Autriche). Dr ès lettres,
privat-docent (Université de Berne), il est actuellement
professeur associé à l'université de Haute
Alsace (Mulhouse), où il est responsable du Diplôme
universitaire d'études helvétiques (D.U.E.H.). Préside
actuellement l'Association suisse de littérature
générale et comparée
(ASLGC), affiliée à l'Académie
suisse des Sciences humaines et sociales
(Berne).
A
publié de nombreux articles et plusieurs études sur
la littérature comparée et la littérature française
du XXe siècle, parmi lesquelles: Pré-Textes.
André Gide et la tentation de la critique
(Paris, Intertextes, 1988); André Frénaud: " Vers
une plénitude non révélée " (Paris,
L'Harmattan, 1997). A co-édité, avec Peter André
Bloch, Doris Jakubec et Roger Francillon, La Suisse romande et sa littérature (Poitiers, La Licorne, 1989) et, avec Raimund Theis, l'édition
allemande des oeuvres de Gide (André Gide: Gesammelte
Werke, Stuttgart, DVA, 12 volumes, 1989ss.). Prépare une étude
sur André Gide traducteur.
|