Son portrait par Maurice
Sachs
« Gide, la taille haute, les épaules tombantes, le
corps osseux, porte une tête depuis longtemps chauve
à la peau sèche et tannée de paysan.
Il est comme sculpté dans le bois sain d'un arbre rude.
Ses yeux, qui tirent tantôt sur le gris, tantôt
sur le bleu comme certaines ardoises, comme sous certain jour,
les feuilles de peuplier, donnent un regard lucide, franc
et perspicace. Ses lèvres, dont Wilde disait qu'elles
"sont droites comme celles de quelqu'un qui n'a jamais menti",
coupent net le visage d'un trait plus réticent que
voluptueux. Une mâchoire forte et carrée marque
de volonté une figure qui n'est alourdie par aucune
passion épaississante. Le visage de Gide nous présente
la réunion réussie du paysan, de l'homme d'étude
et de l'homme raffiné. Bref, celui d'un homme qui s'est
donné la peine d'être ce meilleur homme qu'un
homme puisse être, ce meilleur de soi qui est en chacun
mais que si peu d'entre nous réalisent. »
Maurice Sachs, André
Gide, Denoël et Steele, 1936, 124 p. [Citation :
pp. 13-14].
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