Les domiciles parisiens d'André Gide ont été successivement :
-- 19, rue de Médicis (actuellement : 2, place Edmond Rostand), de 1869 à 1875.
« Je naquis le 22 novembre 1869. Mes parents occupaient alors, rue de Médicis, un appartement au quatrième ou cinquième étage, qu'ils quittèrent quelques années plus tard, et dont je n'ai pas gardé souvenir. Je revois pourtant le balcon ; ou plutôt ce qu'on voyait du balcon: la place à vol d'oiseau et le jet d'eau de son bassin -- ou, plus précisément encore, je revois les dragons de papier, découpés par mon père, que nous lancions du haut de ce balcon, et qu'emportait le vent, par-dessus le bassin de la place, jusqu'au jardin du Luxembourg où les hautes branches des marronniers les accrochaient. » Si le grain ne meurt, I, chap.I, Pléiade, éd. 1972, p.349 sqq.
« J'avais six ans quand nous quittâmes la rue de Médicis. Notre nouvel appartement, 2 rue de Tournon au second étage, formait angle avec la rue Saint-Sulpice, sur quoi donnaient les fenêtres de la bibliothèque de mon père ; celle de ma chambre ouvrait sur une grande cour. Je me souviens surtout de l'antichambre parce que je m'y tenais le plus souvent, lorsque je n'étais pas à l'école ou dans ma chambre, et que maman, lasse de me voir tourner auprès d'elle, me conseillait d'aller jouer " avec mon ami Pierre ", c'est-à-dire tout seul. » Si le grain ne meurt, I, chap.I, Pléiade , éd. 1972, pp.350-1.
« La rue de Commaille était une rue nouvelle taillée au travers des jardins qui, dans cette partie de la rue du Bac sur quoi elle donnait, longtemps se dissimulèrent derrière la façade protectrice des hautes maisons. La porte cochère de celles-ci restait-elle, par hasard, entr'ouverte, l'oeil émerveillé s'enfonçait curieusement vers d'insoupçonnables, de mystérieuses profondeurs, jardins d'hôtels particuliers, auxquels d'autres jardins faisaient suite, jardins de ministères, d'ambassades, jardins de Fortunio, jalousement protégés, mais sur lesquels les fenêtres des maisons voisines les plus modernes avaient parfois le coûteux privilège de plonger.
Les deux fenêtres du salon, celle de la bibliothèque, celles de la chambre de ma mère et de la mienne ouvraient sur un de ces merveilleux jardins, qui n'étaient séparé de nous que par la largeur de la rue. Celle-ci n'était bâtie que d'un côté ; un mur bas, face aux maisons, ne gênait que les premiers étages ; nous habitions au quatrième.
C'est dans la chambre de ma mère qu'elle et moi nous nous tenions le plus souvent. C'est là que nous prenions notre thé du matin. »
Si le grain ne meurt, I, chap.VI, Pléiade , éd. 1972, pp.454 sqq.
Un feu mourant en une grande cheminée que domine une haute horloge carrééeornée de cuivre et d'écaille, une horloge d'où l'heure sonne un peu frêle de la lourde panne qui la recouvre. Des rideaux lourds ferment la fenêtre. Tout est si calme qu'on sent derrière les vitres plutôt des jardins qu'une rue, plutôt l'ombre que la nuit. Aux murs de vastes bibliothèques enferment des auteurs latins en des chagrins reliés et des vélins froids. Intérieur mâle en somme. Salon d'un juris-consulte du sentiment. La lampe seule sous son abat-jour plissé est féminine.
Journal de H. de Régnier, cité dans la Correspondance Gide-Régnier, Presses Universitaires de Lyon, 1997, pp. 11-12.
-- 4, bd Raspail, 5e étage, de 1897 à 1903
-- 10, bd Raspail, d'avril 1903 à 1905.
« T'ai-je dit qu'à présent j'avais installé ma table de travail au sixième. Là, à l'abri de tous les importuns, dans une petite chambre très claire, sans meubles inutiles, aux murs nus, je travaille... oh! vieux comme je n'avais plus travaillé depuis des années, -- comme je désespérais de pouvoir encore travailler. Je ne monte là-haut pas un livre ; rien que ma plume et du papier. Et je ne redescends pas de là-haut mon travail ; je l'y laisse et, quand je remonte, le retrouve au point où je l'avais laissé. De sorte que non seulement cela me permet de ne penser là-haut qu'à mon travail ; mais encore de n'y penser que là-haut ; quand je descends, je peux le laisser franchement, n'y penser plus, faire autre chose. Toute ma vie en est changée. » (Gide à Ghéon, mi-décembre 1904, Corr. A.-Gide-H. Ghéon, t. II, p. 579).
-- 18 bis, avenue des Sycomores, dans la Villa Montmorency, de la mi-février 1906 au début d'août 1928. L'accès au lotissement n'est pas autorisé.
Gide a fait construire cette importante bâtisse sur des plans dus à l'architecte en chef de la Ville de Paris, Louis Bonnier (1856-1946). Le résultat ne le satisfit pas.
Voir : Roger MARTIN DU GARD, Notes sur André Gide, Gallimard, 1951, pp.23-26.
Marie-Catherine BOUTERIN, « Une demeure d'André Gide : un rêve fait pierre », BAAG, n°31, juillet 1976, pp. 19-27, avec 4 clichés : de la façade sur rue, de la façade sur jardin, de l'arrière du studio de Gide, du balcon de la chambre de Madeleine Gide.
Bernard MARREY, « Des rapports difficiles : Gide et Bonnier », Monuments historiques, n°156, avril-mai 1988, pp. 78-80.
Jean LOISY : « Souvenirs et notes sur André Gide », BAAG, n°39, juillet 1978, 29-41 :
« [...] Cette singulière maison de la Villa Montmorency, dont il condamnait véhémentement l'architecte pour son a-conception de l'éclairage et du chauffage.
C'était une simili-forteresse, percée de meurtrières, où l'on découvrait un singulier entrelacs de petites pièces et de couloirs autour de l'immense salle des gardes qu'était la bibliothèque. » [p. 36].
-- 1 bis, rue Vaneau, de 1928 à 1951.
Voir :
Maria VAN RYSSELBERGHE, Les Cahiers de la Petite Dame, Gallimard, t. IV, 1977, pp. 76-80.
Jean LAMBERT, Gide familier, Julliard, 1958, chap. II, pp. 43-44, et chap. III, pp. 48-65. Cité sur l'Atag, un large extrait du chap. III de cet ouvrage. Réédition P.U.L., 2000.
Extrait d'une allocution prononcée par le Recteur Robert MALLET, le vendredi 19 février 1971 pour l'inauguration de la plaque que l'A.A.A.G. a fait apposer sur l'immeuble du 1 bis, rue Vaneau, rappelant qu'André Gide habita à cet endroit . Texte publié dans le B.A.A.G., n° 11, avril 1971, pp. 3-8) :
« André Gide a vécu dans cet immeuble pendant vingt-cinq ans, de 1926 (1) jusqu'à sa mort le 19 février 1951, il y a aujourd'hui exactement vingt ans.
Il fut passionné de maisons et mit aussi sa passion à ne s'attacher à aucune. Plus il avança en âge, plus il manifesta une sorte de désintérêt à l'égard du domicile dit légal. Il se sentait partout chez lui, et chez lui il ne se voulait pas incorporé aux murs, esclave des objets.
Ceux qui furent les familiers de son appartement du sixième étage savent combien il se souciait peu de décorum, et même de décor, combien il attachait peu d'importance au luxe, au confort, et parfois à la commodité, peu d'importance aussi à cette imagerie de soi dont d'autres auteurs se plaisent à s'entourer comme pour se rassurer sur leur identité.
Il me dit un jour en riant . « Je suis assez Narcisse pour n'avoir pas besoin de me voir autrement qu'en moi-même. » Et nous aimions qu'avec impertinence envers soi -- et l'art -- il eût posé un vieux chapeau de paille tout de travers sur l'un des bustes en pénitence dans un coin de la salle à manger, tandis qu'il avait placé avec piété le masque funéraire de Pascal (2) sur la paroi du mur à coté de sa table de travail.
Et nous aimions aussi la simplicité quasi monacale de sa chambre, le petit lit sur lequel il reposait, et la valeur considérable qu'il donnait à une valise -- devenue meuble -- dont il ne se séparait pas; toujours prête à s'emplir des vêtements du voyage, symbole de partance et de disponibilité.
Son appartement donnait l'impression d'un lieu de repos après les équipées, d'un lieu de recueillement après les impulsions, d'un lieu de réflexion avant les nouveaux départs, d'un espace de ressaisissement. Toujours placé au même endroit, c'était pourtant le camp volant du nomade, le vaisseau de haut bord du découvreur qui dans la rade tire sans cesse sur la chaîne de l'ancre.
Vingt-cinq années d'existence même fragmentaire, en ces lieux où tant de pages furent écrites et tant d'actions méditées, valaient bien qu'on saluât ici la présence d'un esprit qui n'envisagea jamais d'avoir un autre port que Paris. »
(1) Date à revoir, car les travaux d'aménagement retardèrent l'entrée dans les lieux jusqu'en 1928.
(2) En fait, celui de Leopardi, comme l'atteste Jean Lambert, dans son Gide familier.
-- Le château de La Roque-Baignard
Le château de La Roque-Baignard, situé dans le département du Calvados, au coeur du Pays d'Auge, à une quinzaine de km à l'Ouest de Lisieux, présente plusieurs bâtiments de pierre mêlée à la brique, bordés par une rivière, et entourés de douves. Les parties les plus anciennes, un colombier et une poterne, « de proportions menues mais exquises » (Si le grain ne meurt, I, chap. III, Pléiade p. 393), datent de la fin du XVIe siècle, tandis que le corps principal fut réédifié en 1803. Le domaine avait été acquis par le grand-père de Gide en 1851. En 1863, selon le contrat de mariage passé entre Paul Gide et Juliette Rondeaux, la propriété comptait 422 ha. Elle était devenue la propriété indivise des cinq enfants Rondeaux. En 1873, à la mort de leur mère, Mme Paul Gide en avait fait sa propriété personnelle ; l'opération n'était d'ailleurs pas si reluisante, puisque l'intéressée considère ce bien comme difficilement vendable (v. sa lettre à André du 4 juillet 1894, in Correspondance avec sa mère, Gallimard, p. 417). A cette date, après diverses ventes de terre, il restait, : 240 hectares, répartis en huit fermes et 150 hectares de bois. André Gide conserva le château jusqu'en 1900, et vendit les terres en 1909). Les Gide avaient pour habitude d'y passer les mois d'été. L'écrivain a longuement évoqué La Roque dans Si le grain ne meurt (I, chap. III, Pléiade, éd. 1972, p. 392 sqq.). Pour l'historique du château, voir R.-G. Nobécourt, Les Nourritures normandes d'André Gide, Paris : Éditions Médicis, 1949, notamment chap. III : « Le paradis perdu de La Roque-Baignard », pp. 69-119.
Propriété privée, le bâtiment ne se visite pas -- en dehors de circonstances exceptionnelles. Ainsi durant l'été 1996, les Promenades musicales du pays d'Auge y ont organisé un concert nocturne dans le parc.
« Et, pour la première fois de ma vie sans doute, j'apprends à connaître ce que l'on appelle la nostalgie. Je songe aux mystérieux sous-bois de La Roque, où l'enfant que j'étais ne s'aventurait qu'en tremblant ; aux abords de l'étang encombrés de plantes fleuries, aux brumes du soir au-dessus de la petite rivière. » (Journal, éd. 1998, septembre 1942, t. II, p. 829. Gide est alors en exil à Tunis).
-- La Morinière : Dans L'Immoraliste, le héros est propriétaire d'un domaine situé dans la vallée d'Auge, nommé La Morinière. Quoique la description qui en est faite soit succinte, deux détails notamment -- les toits d'ardoise et les douves entourant le bâtiment -- paraissent référer au château de La Roque. On se trouverait donc là en présence d'un masquage de discrétion par rapport aux réalités familiales de Gide. Celui-ci a du reste avoué le procédé, dans Si le grain ne meurt (I, chap. III) : « C'est cette vallée que j'ai peinte et c'est notre maison, dans L'Immoraliste. Le pays ne m'a pas seulement prêté son décor ; à travers tout le livre j'ai poursuivi profondément sa ressemblance. » On remarquera que l'écrivain n'a pas eu à se déplacer beaucoup, par rapport à La Roque, pour se saisir du nom de La Morinière, manoir des XVe et XVIe siècles, dont les bâtiments et les terres jouxtant ceux du château de La Roque ont été achetés par la famille Rondeaux en même temps que La Roque, en 1851. Le chanoine Simon, curé de Montreuil-en-Auge, dans son bulletin interparoissial de la Vallée d'Auge, en donne la description suivante :
« Le manoir de la Morinière n'est pas des plus importants. Situé à l'extrémité de la vallée de Montreuil, à quelques centaines de mètres du château de la Roque-Baignard, à flanc de coteau, sur la lisière des bois de Montreuil, il se présente sous la forme d'une bâtisse trapue, moitié pierre, moitié colombage. A l'examen, il semble que le corps de logis a été notablement diminué. L'un des gables est d'une construction frustre et peu soignée. A l'intérieur, une vaste et belle cheminée, faite pour quelque grande salle, ne donne de ce coté que sur un local étroit comme un couloir. Cette cheminée et celle qui lui fait pendant dans la chambre voisine offrent de grands manteaux supportés par des colonnes à chapiteaux certainement antérieurs au XVème siècle. Dans cette dernière chambre, les poutres du plafond sont encore ornées de peintures en camaïeu qui semblent du XVIIème siècle. Au dehors, des restes de douves, jadis alimentées par le ruisseau de Montreuil, où poussent à l'envi les roseaux. » La Bonne Semence, n° 445, 1946.
Les informations fournies par la chanoine ont été réutilisées, sans grand changement, dans le livre de R.-G. Nobécourt, Les Nourritures normandes d'André Gide, Paris : Éditions Médicis, 1949, notamment chap. III : « Le paradis perdu de La Roque-Baignard », notamment pp. 110-117, puis, plus généreusement, dans l'article de P.-J. Penault, « La Morinière », Le Pays d'Auge, [Lisieux], novembre 1967, pp. 5-11. L'article est agrémenté d'un dessin du bâtiment, et d'un plan topographique, qui permet de localiser le site par rapport à La Roque. Précisions aimablement fournies par M. Daniel Cailloux, dont le site internet fournit d'abondants renseignements relatifs à la généalogie des La Morinière : http://perso.wanadoo.fr/moriniere/index.htm.
-- Le château de Cuverville
Acquis par la famille Rondeaux en 1835, le château de Cuverville-en-Caux, situé à une quinzaine de km au sud-est d'Étretat, était devenu la propriété d'Émile Rondeaux (père de Madeleine, et oncle d'André Gide), qui l'avait reçu en héritage à la mort de sa mère, en 1873. Lorsque lui-même fut décédé, en 1890, la propriété fut mise en adjudication et acquise par sa fille Madeleine, qui devait s'y installer le 10 juillet 1891 (v. la description lyrique qui en est donnée dans son Journal, B.A.A.G., n° 36, p. 7). Édifié au XVIIIe siècle, le bâtiment présente une façade classique. Le jardin, brièvement évoqué dans Si le grain ne meurt (I, chap.IV, Pléiade p. 411-2), le parc et ses dépendances totalisaient, avant la succession d'Émile Rondeaux, 7 ha, auxquels s'ajoutaient 75 ha de fermes à Cuverville, et 58 ha de fermes à Gonneville (v. Pierre LE VERDIER, Une famille de haute bourgeoisie rouennaise. Histoire de la famille Rondeaux, Rouen : impr. de A. Laîné, [1926] rééd. 1988, 312 p. avec index topographique, onomastique, et des tableaux généalogiques, p. 245). Dans les années 1885-1900, le rite familial en faisait un lieu de vacances plutôt au début de l'été, tandis qu'à son tour, La Roque accueillait la parentèle en septembre, juste avant la rentrée scolaire.
Propriété privée, le bâtiment ne se visite pas -- en dehors de circonstances exceptionnelles.
Dans le petit cimetière de Cuverville, non loin du château, autour de l'église, se trouvent les tombes de Madeleine et André Gide.
L'hôtel du 16 de la rue de Crosne est la propriété de l'oncle Henri Rondeaux, décédé en 1882, et de son épouse, la tante Lucile. « La maison faisait angle entre la rue de Crosne et la rue Fontenelle. Elle ouvrait sa porte cochère sur celle-là; sur celle-ci le plus grand nombre de ses fenêtres. Elle me paraissait énorme; elle l'était. Il y avait en bas, en plus du logement des concierges, de la cuisine, de l'écurie, de la remise, un magasin pour les « rouenneries » que fabriquait mon oncle à son usine du Houlme ». (Si le grain ne meurt, I, chap. I, Pléiade p. 359). C'est là que Mme Gide et son fils, après le décès de Paul Gide vinrent passer l'hiver 1880.
L'immeuble du 18 de la rue de Lecat, un appartement de 150 m2 environ, disposé sur trois étages, est la résidence de l'oncle Emile Rondeaux et de ses cinq enfants. « C'était une de ces tristes rues de province, sans magasins, sans animation d'aucune sorte, ni caractère, ni agrément. Avant de gagner le quai plus morne encore, elle passait devant l'Hôtel-Dieu, où avaient vécu les parents de Flaubert et où son frère Achille, à la suite de son père, avait exercé. / La maison de mon oncle était aussi banale et maussade que la rue. » (Si le grain ne meurt, I, chap. IV, Pléiade , éd. 1972, p. 411). C'est là que, certain jour de fin décembre 1882, André eut la révélation de la souffrance de sa cousine Madeleine, causée par la mésentente de ses parents, et qu'il décida de consacrer sa vie à lui venir en aide (voir Si le grain ne meurt, I, chap. V, Pléiade , éd. 1972, p. 432 sqq.).
-- au Houlme :
« Mon oncle Henri Rondeaux dirigeait une fabrique de rouenneries au Houlme, à quatre ou cinq kilomètres de la ville. Nous y allions assez souvent en voiture. Il y avait primitivement, contre l'usine, une maison rectangulaire, petite, modeste, insignifiante au point de n'avoir laissé aucune trace en mon esprit ; que mon oncle fit abattre, pour bâtir, sinon à la place, du moins un peu plus loin, bien en face de ce qui devait devenir le jardin, une habitation prétentieuse et cossue qui tenait du chalet de bains de mer et de la maison normande. » (Si le grain ne meurt, I, chap. IV, Pléiade , éd. 1972, p. 413).
Berceau de la famille paternelle. « Les vacances du nouvel an, nous les passions à Rouen dans la famille de ma mère; celles de Pâques, à Uzès auprès de ma grand'mère paternelle. » (Si le grain ne meurt, I, chap. II, Pléiade , éd. 1972, p. 358). L'appartement de la grand-mère, et les promenades éblouies dans la campagne cévenole sont décrits dans Si le grain ne meurt, I, chap. II.
« O petite ville d'Uzès ! tu serais en Ombrie, des touristes accourraient de Paris pour te voir ! » (Si le grain ne meurt, I, chap. II, Pléiade , éd. 1972, p. 381). Y repérer notamment : la maison de Tancrède Gide, grand-père de l'écrivain, sise, dans la vieille ville, entre la Place aux herbes et le Boulevard des Alliés (au 7, bd des Alliés : « Les fenêtres des deux salons et de la chambre de mes parents regardaient l'esplanade ; les autres ouvraient sur une étroite cour que l'appartement ceinturait ; seule la chambre de mon oncle donnait, de l'autre côté de la maison, sur une obscure ruelle, tout au bout de laquelle on voyait un coin de la place du marché. » (Si le grain ne meurt, I, chap. II, Pléiade , éd. 1972, p. 371) ; également dans la vieille ville : la maison natale de Charles Gide (place Saint-Etienne), oncle de l'écrivain ; le temple protestant (6, bd de la Libération) ; le cimetière protestant (route d'Alès), où sont enterrés Tancrède et Clémence Aglaé Gide. Aux alentours : le village fortifié de Lussan, à 20 km d'Uzès, qui accueillit les Gido italiens, au XVIe siècle. Office du tourisme : Avenue de la Libération, tél : 04 66 22 68 88.
Voir Daniel MOUTOTE, Gide et Uzès, BAAG, n° 34, avril 1977, pp. 5-21. Dresse la liste des séjours de Gide à Uzès, et développe avec intelligence et sensibilité le « thème uzétien de l'enfance préservée et pure ».
Le Musée Georges Borias d'Uzès (situé dans l'ancien évêché, près de la cathédrale) présente une salle André Gide, où sont rassemblés peintures, livres, correspondances, objets, et souvenirs divers sur l'écrivain et sa famille. Parmi les dernières acquisitions, un portrait d'André Gide par Simon Bussy, provenant de la collection de Mme Catherine Gide. La toile est reproduite dans le bulletin édité par le musée : Uzès, Musée vivant, n°18, mai 1998, p. 29. Le fonds André Gide a donné lieu à un catalogue illustré, de belle qualité, rédigé par la Conservatrice du musée : Martine PEYROCHE D'ARNAUD, Collection André Gide, Marguerittes : Editions de l'Equinoxe, 1993, 48 p. La mise à jour de ce catalogue est annoncée pour le mois de mai 1998. En été notamment, des expositions temporaires peuvent avoir rapport avec Gide, comme celle qui se tint en 1993, et dont le souvenir est fixé dans un catalogue pourvu d'illustrations en couleurs : André Gide et ses peintres, Marguerittes : Editions de l'Equinoxe, 1993, 48 p., avec une présentation de Martine PEYROCHE D'ARNAUD, et un essai de François WALTER : « Gide et la peinture », pp. 7-20.
Heures d'ouverture : tlj sauf lundi de 15 à 18 h, mais en novembre, décembre, février : de 14 à 17 h. Fermé en janvier. En juillet et août : de 10 à 12 h, et de 15 à 18 h. Le musée devant entrer dans une période de restauration et d'agrandissement jusqu'en 2001, s'informer, à l'avenir, sur d'éventuelles périodes de fermeture.
L'Association des Amis du Musée d'Uzès édite un Bulletin. Adhésion : 60 F. Contact : Mme de Panthou.- 31, avenue Maxime Pascal.- 30700 Uzès.
-- La Villa des Sources, propriété de l'oncle Charles Gide, entourée d'un beau parc, au bord du fleuve, située à Bellegarde-du-Gard, à une quinzaine de km au sud-est de Nîmes. Gide y est passé très souvent lors de ses séjours d'enfance au pays de son père. Il en a exalté l'attrait dans plusieurs lettres à sa mère, du 8 octobre 1893 (Corr. avec sa mère, p. 192), et du 9 octobre de la même année : « Nous avons pu beaucoup causer, nous promenant dans ce parc si sauvage. J'aimerais un jour y venir travailler, mais sera-ce jamais possible ? Tout m'y plaît, ces eaux, ces feuillages et ces étroites pelouses couvertes par les branches -- et cette plaine aride tout autour, qui fait de ce parc comme une prison délicieuse. » (Ibid., p. 196).
« J'aime, dans ce jardin, cette odeur résineuse et sèche. » (Journal, septembre 1905, t. I, p. 480).
-- Montpellier, ville où résidait l'oncle Charles Gide : « Les Charles Gide occupaient alors à Montpellier, au bout en cul-de-sac de la rue Salle l'Evêque, le second et dernier étage de l'hôtel particulier des Castelnau. Ceux-ci ne s'étaient réservé que le premier et le rez-de-chaussée beaucoup plus vaste, de plain-pied avec un jardin où nous avions gracieux accès. Le jardin n'était en lui-même, autant qu'il m'en souvient, qu'un fouillis de chênes-verts et de lauriers, mais sa position était admirable ; en terrasse d'angle au-dessus de l'Esplanade, dont il dominait l'extrémité, ainsi que les faubourgs de la ville, jetant le regard jusqu'au lointain pic Saint-Loup, que mon oncle contemplait également des fenêtres de son cabinet de travail. » ( Si le grain ne meurt, I, chap. IV, Pléiade, éd. 1972, p. 418).
Gide s'y est arrêté souvent, en particulier lors de ses départs vers l'Afrique du Nord (voir par ex. : Si le grain ne meurt, II, chap. II, Pléiade, éd. 1972, p. 579). Adolescent, il y a fait une malheureuse expérience de quelques mois, au lycée, à partir d'octobre 1881 : « Je doute si ce lycée avait beaucoup changé depuis le temps de Rabelais. Comme il n'y avait de patères nulle part où pouvoir accrocher ses effets, ceux-ci servaient de coussins de siège ; et aussi de coussins de pieds pour le voisin d'au-dessus, car on était sur des gradins. On écrivait sur ses genoux. » ( Si le grain ne meurt, I, chap. IV, Pléiade, éd. 1972, p. 419).
mise à jour : février 2002
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