L’Intransigeant

[1913]

 

[Anonyme]

La Boîte aux Lettres

 

Le Retour de l’Enfant Prodigue, précédé de cinq autres traités, par André Gide.

 

De ces premiers traités qu’André Gide a fait rééditer, parce que, sans doute, ils étaient devenus rarissimes chez les bouquinistes, nous pourrions difficilement trouver à dire quoi que ce fût de nouveau. Les admirateurs de Gide, dès la première heure se sont faits commentateurs et scoliastes pour le mieux louer. Ils ont, d’un seul coup, épuisé le sujet.

Certes, comme ils l’ont parfaitement montré, il n’est rien de plus délicieux que le style du premier Gide, celui du Traité du Narcisse, de La Tentative amoureuse… Emerveillement devant toutes les apparences ; vains désirs ; et regrets avant même que d’avoir pêché… Toutes ces premières œuvres, avec grâce, mais inlassablement, répètent : « Rien n’est » comme certain personnage de Claudel. Toutes ces pages de jeunesse, selon l’expression de Jacques Rivière, sont « un merveilleux jardin des hésitations. » Avouerons-nous que, dans ce jardin merveilleux, les feuilles commencent à jaunir, par endroits…

Par contre, sans restrictions, ni détours, nous aimons Le Retour de l’Enfant Prodigue. Décevante comme les autres paraboles de Gide, celle-ci du moins comporte un [sens] si secrètement pathétique, qu’elle [force] l’amitié, l’émotion, les larmes… Ce pathétique, déjà, faisait toute la grandeur de L’Immoraliste et de La Porte étroite. C’est à lui que nous devons, c’est de lui que nous attendons le meilleur André Gide.

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