La Presse Musicale

[12 mai 1901]

 

[Anonyme]

 

Théâtre de l'Œuvre : Le Roi Candaule, drame en trois actes de M. André Gide.

 

Un écrivain notoire a dit que les préfaces empêchaient d’écrire des livres : elles empêchent également de faire des pièces intéressantes, mais elles permettent d’éreinter celles des autres et tout le monde en même temps. M. Gide nous informe qu’un public capable de faire un succès à M. Rostand était, en conséquence, inapte désormais à comprendre les chefs-d’œuvre. Et il est assuré d’avance que le mérite de sa pièce ne sera pas reconnu. Il en prend son parti. Heureux homme, délicieux esprit, qui se prépare à subir avec sérénité toutes les désillusions.

Le roi Candaule n'est pas banal. C'est un homme qui veut le bien de tous ses sujets. L’un d'eux faisant mauvais ménage avec sa femme, la tue tout simplement. Avec une grandeur d'âme absolument royale, Candaule donne la reine en compensation à Gygès, c'est le nom de l’infortuné auquel échoit cette bonne fortune.

Mais la reine Nyssia ne trouve pas le procédé de son goût et se venge du roi Candaule, son mari, en obligeant Gygès à le tuer.

Nous comprenons très bien que des choses d'une valeur littéraire aussi imprévue ne puissent être appréciées du commun des mortels. Comprendre n'est-ce pas égaler ! Et nous nous demandons qui pourrait égaler M. Gide !

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