L’Art et la vie

Automne 1933

 

[Anonyme]

 

 

A Propos d’André Gide communiste.

Télin prophète ?

 

Nos lecteurs se souviennent de la belle lettre ouverte à André Gide, et signée Robert Télin, où notre ami, avec une déférence exagérée, demandait, en décembre 1931, au maître du grain pourri, de quitter le culte romain illustré par Héliogabale et Vespasien ? Il voulait, dans sa naïveté profonde, que Gide descende dans l'arène et crie son indignation aux dirigeants du monde ! Ceux bien connus qui préparent à notre nez et barbe l'holocauste pour en finir avec la Société en faillite gérante des nations, convaincue de forfaiture !

 

Gide est trop grand seigneur pour répondre à l'homme qui a étudié son œuvre dans cinquante salles de conférences.

 

Gide félicite, en des pages de plats compliments, tel poète cubain puissamment riche, et animateur éventuel d'un manuscrit gidien toujours disponible chez le père d'Isabelle...

 

O Van Rysselberghe !

 

Mais André Gide, courageusement, a quitté la tour du silence, sa maison du 1 bis rue Vaneau, son château normand, les palaces du continent, le territoire africain, l'antichambre de la rue Sébastien Bottin, Malraux, Gallimard e tutti quanti.

 

Pour aller où ?

 

            A Moscou ! Il n'y restera pas longtemps. Et il dira zut aux Staline, Cachin, Couturier, Lounatscharsky du Plan Quinquennal, parce qu'il a toujours dit zut aux gens fréquentés trop assidûment.

 

Gide antibourgeois vous devez plonger votre famille protestante dans la désolation la plus biblique ?

 

Qu'allez-vous faire de votre immense fortune ?

 

Nous comprenons que le fisc français vous dégoûte. Ce dernier va jusqu'à dépouiller proprement ceux qui n'ont rien à reprocher à leurs parents !

 

Soyez généreux pour Moscou et vous reviendrez pur, édifié, croquer le marmot parmi nous.