Louis Le Sidaner, La Revue de l'Université, n°6, 15 août 1924 :

Repris dans le BAAG, n° 74-75, avril-juillet 1987, p. 63.

Numérisation pour l'Atag : Daniel Durosay, janvier 1997.

[L'extrait vient après un paragraphe sur Proust.]

     Il a également fallu beaucoup de tact et de simplicité à M. André Gide pour écrire Corydon. Imaginez, cher lecteur, que c'est une défense et même un éloge de la pédérastie. Aussi brutalement résumée, la tentative de M. Gide paraît absurde, tout au moins paradoxale. Nous ne tenterons point de démontrer le contraire. Corydon  est un de ces livres longuement médités, étudiés et rédigés avec soin, où chaque mot a sa raison et sa valeur et qu'il serait dangereux d'analyser en quelques lignes. Même l'admirateur le plus ardent des Civilisés de M. Farrère serait probablement choqué de lire sans argumentation préalable le résumé brutal des conclusions de Corydon.

     Et pourtant, tout esprit impartial et qui prendra la peine de regarder autour de lui, sinon dans ses propres souvenirs, sera bien obligé de convenir, après avoir lu le livre de M. André Gide, que la pédérastie est un phénomène normal et en tout cas naturel et nullement condamnable. Peut-être même suivra-t-il jusqu'au bout toutes les conclusions de Corydon.

     Livre profond, d'une grande simplicité (quoique par instants un peu affectée ou énervée) et que ne vient jamais salir la vulgarité pornographique ou le désir « d'épater les bourgeois », Corydon  marquera une étape dans l'histoire littéraire des phénomènes sexuelsŠ et peut-être même de toute la philosophieŠ

 

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